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MONDE
Mercredi 5 octobre à 0h00

En Syrie, la répression franchit un nouveau cap
Par
Jean-Pierre Perrin

Alors que le nombre de désertions s’est accru sensiblement dans les rangs de l’armée, le régime syrien apparaît de plus en plus déterminé à pousser l’opposition à prendre les armes. Une stratégie qui lui permettrait d’écraser plus facilement la rébellion et de rallier la majorité de la population, restée encore passive. D’où des exactions de plus en plus violentes commises à l’encontre des insurgés et de leurs familles afin de les radicaliser.

C’est sans doute dans ce but que les femmes sont désormais les cibles des forces de sécurité et des shabiha, des gangs à la solde du régime. Plus d’une vingtaine de jeunes filles ont été kidnappées ces derniers jours dans la région de Homs, aujourd’hui l’épicentre de la révolution, selon des informations en provenance de l’opposition. Ces enlèvements font suite à l’arrestation, en juillet, de Zeinab al-Hasni, 19 ans, dont le corps torturé et démembré a été remis il y a une dizaine de jours à sa famille. La jeune fille était détenue pour obliger son frère, un activiste, à se rendre. Elle est la première prisonnière à périr dans les geôles syriennes.

Selon d’autres informations, Bouchra al-Zeïn, la petite-cousine de Burhan Ghalioun, le président du Conseil national syrien, l’instance qui rassemble l’opposition, a été aussi kidnappée, là encore à Homs. Le neveu de l’opposant a également disparu et son frère a été à nouveau arrêté. Enfin, la clinique de sa sœur a été attaquée par des hommes en armes.

Actuellement, c’est la région de Homs qui concentre l’essentiel des opérations militaires, notamment la petite ville de Rastan, qui se trouve entre Damas et Alep, la seconde ville du pays. C’est là que se sont déroulés pendant environ une semaine les affrontements les plus violents depuis le début de l’insurrection, en mars, entre l’armée et des déserteurs. Selon l’opposition, des centaines de villageois ont été arrêtés et sont détenus dans les écoles et des entrepôts.

Pour la première fois, un officier supérieur de l’armée, Le colonel Riad al-Assad, a déserté et s’est réfugié en Turquie, d’où il a appelé à renverser le régime.

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