originale en francais dessous

http://www.slate.fr
12.11.2014

Ogni giorno porta altre prove di caos nel mondo, e di impotenza politica.
di Jacques Attali

Negli Stati Uniti, il presidente Obama ha perso le elezioni di medio termine, tutto il potere reale fino alla fine del suo mandato, sta di fronte a un Parlamento passato interamente nelle mani dei suoi oppositori più determinati. E in questo paese, in assenza di un primo ministro, la convivenza si trasforma in paralisi come, d’altra parte, volevano i padri fondatori degli Stati Uniti, preoccupati di non vedere ripetuta nella prima colonia britannica l’esperienza totalitaria di Cromwell. Nel corso dei prossimi due anni, nessuna iniziativa, interna o esterna, civile o militare, potrà essere realizzata da Washington. E anche se il presidente ha dei  mezzi propri, puramente normativi, non avrà i mezzi finanziari per procedere a qualsiasi riforma. I suoi progetti sociali sono morti; i nemici dell'America alzeranno la testa e daranno gioia al loro cuore.

In Europa, la scoperta dei segreti della tassa lussemburghese ricordano, a chi farebbe di tutto per non vedere, che gli Stati membri dell'Unione europea, in competizione tra loro per attrarre imprese e posti di lavoro, riducono al massima le imposte sul capitale e le società, a scapito delle risorse necessarie per il funzionamento dei servizi pubblici e di altri contribuenti. Di conseguenza, i paesi europei, iper- indebitati, senza Stato federale, senza risorse, sono sempre più impotenti di fronte alle richieste del mercato.

In Francia, un presidente a medio termine annuncia riforme per i prossimi due anni come se fossero un fiore all'occhiello i posti di lavoro sottopagati per gli anziani e gratuiti per i giovani, sotto il nome di contratto agevolato di servizio civile. Nessun altro progetto. Ciò è comprensibile, a causa della situazione finanziaria del paese, il groviglio di gruppi di pressione e dell’assopimento della democrazia.

Ovunque, il mercato diventa più forte e la democrazia più debole. Questo è ovviamente molto pericoloso per la democrazia, che è morta di fame. E lo è anche per il mercato. Perché senza la democrazia, il mercato non può funzionare in modo efficace: non solo non può garantire la conformità con la legge, ne la stabilità del contesto economico e sociale, condizioni per gli investimenti. Questa è la debolezza della democrazia che causa la deflazione in cui stiamo precipitando, rifiutando di vederla.

Ogni giorno, ogni settimana, il momento della verità si avvicina. Gli Stati Uniti non possono rimanere a lungo politicamente paralizzati. L'Europa non può rimanere impantanata economicamente in fase di stallo. La Francia non tollererà per sempre l’inazione, gli sprechi ne talenti in letargo.

E' tempo di reagire, per rendere la democrazia più vivace, è tempo di pensare a progetti ambiziosi.

Per il mondo, che deve appoggiarsi alla debolezza degli Stati Uniti, è tempo di chiedere una riforma delle Nazioni Unite. Per l'Europa, che deve sostenere lo scandalo Lussemburghese, è tempo di porre fine alla concorrenza fiscale suicida tra gli Stati membri decidendo una tassa uniforme sul capitale, gli utili e le plusvalenze; e costruire la capacità di una azione sindacale congiunta. Per la Francia, che deve decidere di farsi carico di svegliare la sua democrazia per discutere del paese nei partiti e anche di un grande progetto per il Paese, da attuare dopo le prossime elezioni presidenziali.

Se tutto questo non avviene, come è probabile, ci porterà a malincuore a niente di più di un gigantesco si salvi che può.


http://www.slate.fr
12.11.2014

Chaque jour apporte une preuve de plus du chaos du monde, et de l'impuissance des politiques.
Par Jacques Attali

Aux Etats-Unis, le président Obama vient de perdre, dans les élections à mi-mandat, tout pouvoir réel, jusqu’à la fin  de son mandat, face à un Parlement passé entièrement entre les mains de ses adversaires les plus résolus. Et, dans ce pays, en  l'absence d'un poste de Premier ministre, la cohabitation tourne à la paralysie, comme d'ailleurs le voulaient les pères fondateurs des Etats-Unis, soucieux de ne pas voir se répéter dans l'ancienne colonie britannique l'expérience totalitaire d’un Cromwell. Pendant les deux prochaines années, aucune initiative, intérieure ou extérieure, civile ou militaire, ne pourra être lancée depuis Washington. Et même si le président dispose de quelques moyens propres, d’ordre purement normatif, il ne disposera d’aucun moyen financier pour mener à bien aucune réforme. Ses projets sociaux sont morts; les ennemis de l'Amérique vont relever la tête et s’en donner à cœur joie.

En Europe, la mise au jour des secrets fiscaux du Luxembourg rappelle à ceux qui faisaient tout pour ne pas le voir que les Etats membres de l’Union, en concurrence les uns avec les autres pour attirer les entreprises et les emplois, réduisent au maximum les impôts sur les capitaux et les entreprises, au détriment des moyens nécessaires au fonctionnement des services publics et des autres contribuables. En conséquence, les pays européens, hyper endettés, sans Etat fédéral, sans ressources, sont de plus en plus désarmés face aux exigences des marchés.

En France, un président à mi-mandat n'annonce comme réformes phares pour les deux ans à venir que des emplois sous-payés pour les seniors et gratuits pour les jeunes, sous le nom de contrat aidé et de service civique. Aucun autre projet. Ce qui se comprend, en raison de l’état des finances du pays, de l’enchevêtrement des groupes de pression et de  l’assoupissement de la démocratie.   

Partout, le marché devient plus fort et la démocratie plus faible. C’est évidemment très dangereux pour la démocratie, qui meurt d’inanition. Mais cela l’est aussi pour le marché. Car, sans démocratie, le marché ne peut fonctionner efficacement: il ne peut seul assurer ni le respect de la règle de droit, ni la stabilité de l'environnement économique et social, condition de l'investissement. C’est la faiblesse de la démocratie qui provoque la déflation dans laquelle nous sommes en train de plonger, en refusant de la voir.

Chaque jour, chaque semaine, le moment de vérité approche d'avantage. Les Etats-Unis ne pourront longtemps rester politiquement paralysés. L'Europe ne pourra pas rester durablement économiquement enlisée. La France ne tolérera pas éternellement tant d’inaction, de gaspillage et de talents en déshérence.

Il est temps de réagir, de rendre plus vivante la démocratie, de penser à des projets ambitieux.

Pour le monde, qui doit s’appuyer sur la faiblesse des Etats-Unis pour exiger une réforme des  Nations unies. Pour l’Europe, qui doit prendre appui sur le scandale luxembourgeois pour mettre fin à la suicidaire concurrence fiscale des Etats membres, décider l'uniformisation des taux d'impôt sur le capital, les bénéfices et les plus-values; et se doter des moyens d'une action industrielle commune. Pour la France, qui doit décider de se prendre en main et de réveiller sa démocratie, en faisant débattre par le pays, dans les partis et ailleurs, d’un grand projet pour le pays, à mettre en œuvre après la prochaine présidentielle.

Si tout cela n’a pas lieu, comme c’est vraisemblable, il faudra, à contre cœur, s’en tenir à un gigantesque sauve-qui-peut. 

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