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Afp, 6 marzo 2013

Siria, reportage da Deir az Zor
di José Rodriguez

Jadis, un centre florissant de l’industrie pétrolière en Syrie, Deir Ezzor est devenue une ville fantôme qui ne compte plus que quelques centaines de résidents s’accrochant obstinément à la vie.

Capitale de la province éponyme, elle est contrôlée à 80% par les rebelles qui combattent le président Bachar al-Assad dont les forces bombardent la ville depuis neuf mois. “L’économie est tombée en ruines tout comme les édifices et les rues.

“La plupart des gens ont perdu leur travail et nous n’avons plus de revenus”, se plaint Abou Hussein. “Quand j’aurai dépensé toutes mes économies, je quitterai la ville et deviendrai réfugié”. Le bazar de la rue Ibn Walid, presqu’entièrement dévasté par les raids et le pilonnage, est fermé depuis deux mois. “Les gens ont peur de venir, ils craignent les bombes”, dit Abou Mohammad dans sa boutique.

“Personne n’a envie d’ouvrir sa boutique pour être tué par une bombe”, lance Ahmad al-Kafed, un vendeur de kebab. Dans la rue Mokhtar, Ricky Shemali dépose quelques robes et chaussures sur le trottoir devant sa boutique. “Je viens d’ouvrir, après neuf mois de fermeture, j’ai besoin d’argent pour nourrir ma famille”, dit-il. Mais à part quelques combattants rebelles, la rue est déserte. “Les gens viennent, disent que tout est cher, qu’ils n’ont pas d’argent et repartent”, raconte Shemali qui vendait auparavant ses marchandises à Alep (nord) et Hama (centre).

Mais “les usines à Alep ont fermé à cause de la guerre (et) je dois à présent acheter ma marchandise en Turquie où tout est plus coûteux. Si la situation ne s’améliore pas dans quelques semaines, je fermerai pour de bon et irai avec ma famille en Turquie ou en Irak pour repartir à zéro”. Pour s’en sortir, raconte Mohammad al-Islam, les gens s’entraident. ”Nous faisons des échanges. Je suis mécanicien, je répare la voiture de mon voisin en échange d’un kilo de tomates. C’est le seul moyen pour survivre”, assure-t-il. Yawafed, association caritative locale, organise une soupe populaire quotidiennement. Dans les locaux, de la soupe et du riz cuisent dans deux chaudrons géants.

“Environ 500 familles viennent tous les jours”, indique Moustapha al-Haj qui dirige l’association. Abou Salem, qui travaillait auparavant dans un champ de pétrole, a été blessé par un éclat d’obus. Il avance en boitant, accompagné par son fils et laisse transparaître son amertume. “La communauté internationale nous a abandonnés. Nous payons avec notre sang leur indifférence (…) Les Syriens deviennent ainsi plus radicaux et Al-Qaïda s’installe. Quand ils auront décidé d’intervenir, ce sera trop tard”, soutient-il.

Entre-temps, d’autres volontaires qui tiennent une boulangerie fournissent gratuitement le pain. Mais pour éviter les attaques contre la boulangerie, le pain est distribué gratuitement en ville. Dans deux autres villes du pays, Homs et Hama, des dizaines de personnes faisant la queue devant des boulangeries ont en effet été tuées l’an dernier par des bombardements du régime. “Une fois le pain cuit, nous le distribuons en ville”, raconte Abou Ahmad qui gère la boulangerie.

Chaque famille doit montrer une carte d’identité pour recevoir le pain. Tous les deux jours, 3.000 tonnes de farine, qui nous parviennent de Turquie, sont nécessaires pour cuire du pain qui nourrit 8.000 personnes, explique-t-il. “La vie est très difficile, mais elle est de loin meilleure que dans les régions contrôlées par le régime, où les gens sont kidnappés et tués tous les jours”, affirme Abdel Razzak al-Haj Hazaa, en prenant sa ration.

“Le coût de la vie a beaucoup augmenté, les produits ont rares, mais si jamais nous avons besoin d’aide, nous demandons aux soldats de l’Armée syrienne libre (ASL) qui sont toujours heureux de nous servir”, soutient-il.

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