Chambre des Députés,
le 14 novembre 2012, 10h50

Déclaration sur la politique étrangère du Ministre ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn du Luxembourg
La déclaration du ministre s’est faite quelques heures avant l’assassinat d’Ahmad Jabari à Gaza

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Je ne peux pas conclure ce sujet sans donner un aperçu de la situation actuelle préoccupante du soi-disant processus de paix au Moyen Orient.

Les valeurs humaines, les droits de l’Homme, la dignité sont des concepts indivisibles, qui ne devraient pas  engager les uns et ne pas s’appliquer à d’autres. En tant qu’Union Européenne, nous demandons le respect de ces valeurs dans toute déclaration et dans tout débat.

La résolution du conflit israélo-palestinien est une des principales clés de la paix mondiale.

L’histoire européenne nous oblige à veiller au bien-être et à la sécurité de l’Etat d’Israël et de son peuple. L’engagement européen pour les droits de l’Homme nous oblige à veiller au bien-être et à la dignité de tout peuple, y compris le peuple palestinien.

Or, les leçons de l’histoire et notre engagement pour les droits de l’Homme ne peuvent être de nature contradictoire. Pour cette raison, nous devrions être, en tant qu’Européens, plus conséquents dans notre approche.

Nous ne pouvons pas nous contenter d’admettre simplement la politique de colonisation de l’actuel gouvernement israélien. Elle est provocante et brutale. Le nombre de colons en Cisjordanie croît plus rapidement que la population palestinienne. Les actes d’agressions des colons augmentent d’une manière dramatique. Plus 32% l’année dernière. Les responsables de ces violences ne sont ni poursuivis ni punis. Accaparer des terrains dont on n’est pas propriétaire est contraire à tout droit international, ainsi qu’aux accords d’Oslo. Qu’il s’agisse de droit national ou international.

Si cette politique devait se poursuivre encore quelque temps, la solution de deux Etats sera physiquement impossible. La politique de ce gouvernement israélien tue dans l’œuf tout espoir de négociation.

Mais tant qu’il n’y aura pas d’Etat aux frontières fixes, celles de 1967, tant qu’il n’y aura pas de patrie libre et souveraine pour le peuple palestinien, Israël ne pourra pas vivre en sécurité. Un Etat palestinien n’est pas un cadeau pour la Palestine, c’est la clé de voûte pour la paix au Proche-Orient.

Ce mois encore, sans doute, l’assemblée générale de l’ONU se prononcera sur une résolution qui pourrait accorder aux Palestiniens le statut d’ « Observer State ». C’est un défi pour l’Union européenne. Si nous votons encore une fois pour ⅓  NON, ⅓ abstentions et ⅓ OUI, notre place dans la politique étrangère du globe sera tout au plus en division 3.

Pour cette raison, je prends fait et cause pour que nous votions en accord avec nos valeurs, c’est à dire pour le droit des Palestiniens d’avoir, au moins symboliquement, rehaussé leur statut à l’ONU. Empêcher les votes négatifs et endiguer les votes abstentionnistes rehausserait le profil de l’UE.  Le Luxembourg vote pour le statut d’observateur de la Palestine à l’ONU.

Nous continuons à nous concentrer au sein de l’UE sur les conditions de vie des Palestiniens sur place. Nous condamnons la pratique inacceptable de la détention administrative et de l’incarcération des mineurs par la police israélienne en Cisjordanie. Les activités économiques palestiniennes sont entravées par l’occupation israélienne, surtout dans les zones qui restent sous contrôle civil et militaire israélien. Malgré les efforts de différents donateurs, dont le Luxembourg, la situation financière de l’Autorité palestinienne reste précaire. Les transferts des taxes des autorités israéliennes vers les autorités palestiniennes doivent s’effectuer comme le prévoient les accords actuels.

En même temps,  nous condamnons, sans accepter d’excuses, les tirs de roquettes depuis Gaza vers Israël, et soulignons que la paix ne peut être garantie avec de telles actions.